• manif du 29 Janvier

     Un petit mot sur ma surprise quant aux chiffres de la mobilisation annoncés au journal de 20H. Le présentateur fait mention des chiffres de la préfecture qui évaluaient la mobilisation à 65 000 personnes sur Paris ! Certes, il a également fait mention des chiffres des syndicats ; mais je suis resté stupéfait devant cette évaluation alors que je rentrais tout juste de cette manifestation. Le décalage est abyssale entre ce que j'ai vu et ce qu'ont pu voir les services de la préfecture ! C'est lamentable de voir qu'on paie des gens à compter les manifestants, si c'est pour ensuite trafiquer les chiffres.

    Au soir de la manif, Sarkozy, qui manifestement est revenu de son « Désormais, quand il y a une grève en France personne ne s'en aperçoit », avait jugé « légitimes » les inquiétudes exprimées face à la crise. Et d'ajouter qu'il allait faire acte de « pédagogie, d'explication » face à cette crise.

    Et d'envoyer ses lieutenants pour ressasser son message dans les médias, lequel pourrait se résumer dans la bouche de Brice Hortefeux « Nous sommes attentifs mais on ne va pas changer de cap » (propos tenus sur RTL dimanche dernier).

    Le discours est proprement hallucinant, voire à la limite de prendre les gens pour des imbéciles à ce point tel que l'Empereur (cf le livre du gars Duhamel La Marche consulaire que je trouve déplacé de la part d'un chroniqueur politique si bon d'habitude, et dont on pourrait attendre qu'il produise de l'analyse de nature à nous éclairer plutôt que d'aller s'aventurer à comparer Sarko à Bonaparte)... l'Empereur, disais-je, est disposé à faire acte d'explication. Avant je ne vous écoutais pas, maintenant je vous écoute mais je ne tiens pas compte de ce que vous dites, à la limite je me dis que vous n'avez pas compris mes projets et je vais m'empresser de vous les expliquer, idiots que vous êtes.

    Mais ce que Sarkozy n'a pas bien saisi, c'est que nous avons fort bien compris ses projets, d'ailleurs nous les subissons de plein fouet, et que nous n'en voulons pas. La manifestation n'était pas l'expression d'une inquiétude face à la crise, mais bien un refus du projet Sarkozyste. Tous les slogans que j'ai entendu à cette manifestation, des syndicats, du personnel hospitalier, de la psychiatrie, de la justice, des sans-abris, des étudiants, des fonctionnaires, des travailleurs sociaux, et même de quidams isolés, concourent tous à dire la même chose : On ne veut pas du projet de société de Sarkozy !

    Alors que sa clique de boutiquiers aille squatter les médias pour réduire, dans leur discours, cette manifestation à l'expression d'une inquiétude face à la crise n'y changera rien. Seulement, ces boutiquiers nous indiquent par leur verbiage déplacé le niveau de leur surdité.

    En plus de nier les ressorts profonds de cette ire populaire, ces mêmes boutiquiers en arrivent à chercher à faire culpabiliser le peuple... vous vous rendez compte, ce n'est pas le moment de faire grève, avec la crise et tout le tutti quanti... et puis quoi encore, à cette cadence ils vont bientôt nous inventer la manif du quand tout va bien !

    J'ai manifesté parce que, comme tous les manifestants, je refuse le projet de société que nous imposent nos gouvernants actuels. Je refuse un projet qui sert quelques uns au détriment du peuple, un projet de société qui avait auguré sa mise en branle par un premier acte significatif : la mise en place d'un bouclier fiscal pour les plus fortunés et la décision du président fraîchement élu d'augmenter de façon significative son salaire ainsi que celui de ses boutiquiers. Ailleurs, un Obama a auguré son investiture par la décision d'une fermeture de l'ignominie (Guantanamo), d'un soutien significatif aux plus pauvres et d'une main tendue à tous pour un nouvel espoir pour plus de justice et de paix.

    La manif était belle, parce qu'il ne s'agissait précisément pas d'une manifestation sectorielle, de telle ou telle profession qui revendique, mais bien d'un élan d'un peuple qui envahit la rue, et qui d'une même voix dit son refus du projet de société qui est actuellement en œuvre.... les chômeurs, les sans papiers, les syndicalistes, les retraités, les fonctionnaires, les employés du privé, les blancs, les noirs, les arabes, les sans grades, les gradés, les femmes, les hommes, les jeunes, les profs,..., tout un peuple réunit pour un même refus.

    Yes we can !


  • Commentaires

    1
    Gil
    Lundi 2 Février 2009 à 19:12
    Après le 29 janvier
    Monsieur Razane Je partage en grande partie votre vision en ampleur de la manifestation du 29 janvier et votre contestation du traitement qu’en ont fait les médias avec les techniques usées et habituelles: utilisation de chiffres fantaisistes, relation d’incidents de fin de manifestations, service minimum pour l’expression des syndicats, et suspicion de récupération politique de certains partis qui seraient heureux de la crise pour se refaire une santé. Certes une telle manifestation a sans doute refroidi la frénésie cathodique et ironique de Monsieur Sarkozy et c’est un levier non négligeable dans l’espoir d’arracher un certain nombre de mesures. Mais je vous trouve un tantinet naïf pour un côté idyllique des choses. Vous prenez sans doute vos désirs pour des réalités. Et là ce n’est pas un vrai reproche puisque j’ai souvent aussi cette tendance. Votre désir d’une société plus juste, plus humaine est plus que louable, estimable, car ce désir devrait être celui de tous. Mais nous sommes encore loin de tout ça. D’abord, les peuples ne font pas toujours les bons choix, la preuve, chez nous, ils ont élu majoritairement Monsieur Sarkozy comme candidat du changement dans une espèce d’amnésie de sa présence dans le gouvernement sortant. Et ce n’est pas la première fois depuis cinquante ans que le peuple français se plante totalement dans ses choix, et doit ensuite ramer, et défiler pour rectifier le tir, ou sauver ce qui peut l’être. Ensuite, je ne crois absolument pas à un front uni des manifestants, et surtout des syndicats, et des partis d’opposition. Vous pensez que tout ça montre un refus d’un projet de société, c’est aller bien loin, et puis il faudrait être capable d’en définir et d’en imposer un autre. Enfin, vous donnez dans une Obamania transposée à la France. Ce n’est pas à mon avis faire preuve d’une réflexion politique débarrassée des empreintes d’un délire médiatique. Les Américains qui avaient choisi Bush deux fois ont-ils vraiment changé quand ils ont voté Obama ? En tout cas, ce n’est pas ce qu’a promis de manière floue Monsieur Obama qui compte, mais c’est ce qu’il fera ou pourra faire. Alors wait and see est plus sage car je crains bien qu’il soit prisonnier d’un système en crise qu’il ne pourra pourtant pas débarrasser. Il devra parler, marcher pour les Etats-Unis, ou alors il ne durera pas. Et si on peut apprécier sa première mesure, la fermeture de Guantanamo, il n’en reste pas moins que les Américains ont menti, porté atteinte aux droits de l’homme, et demande aujourd’hui aux autres d’accueillir ce qui étaient hier encore les pires terroristes. C’est une absolution bien rapide pour les fautes de l’administration précédente. J’espère que vous ne prendrez pas ombrage de mes réflexions qui ne sont qu’une contribution à un débat que vous voulez sans doute engager en publiant ici. Merci de m’avoir écouté. Gil, écrivain amateur
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    2
    Lundi 2 Février 2009 à 19:48
    Cher Gil...
    ...je ne prends nullement ombrage de vos propos, à plus forte raison qu'ils sont justifiés. Bien évidemment que j'ai pleinement conscience des aspects que vous développez, mais mon post n'avait nullement pour objectif d'établir une analyse circonstanciée. Juste un billet d'humeur pour dire l'espoir dont j'ai été saisi au milieu de la foule, tout un peuple mobilisé. Bien évidemment que cette mobilisation contient en elle aussi des guerres de chapelles, et des complexités que les analystes se font une joie d'explorer. Ce que vous qualifiez de naïveté n'est autre que le choix volontaire de ne parler que du beau, et d'exprimer l'espoir que ce mouvement a suscité en moi et chez bien d'autres. Espoir dont est aussi porteur Obama, même si nous savons tous que la tâche sera bien rude pour lui face aux puissants lobbies. Mais cet espoir qu'il suscite est beau, et il faut le dire et essayer un tant soit peu de s'en saisir... même au risque de paraître naïf, ou, pour être plus inspiré, rêveur ;) Bien à vous cher Gil, et bon vent pour votre oeuvre littéraire.
    3
    Gil
    Mardi 3 Février 2009 à 11:37
    Bien armé côté coeur ...
    Monsieur Razane J’apprécie le fait que vous m’ayez répondu rapidement, franchement, aimablement, et surtout par le côté cœur. C’est là pour moi grande qualité d’écrivain, d’auteur positif par le parti pris des choses importantes, et belles de la vie. Vous clamez l’espoir comme une beauté, et vous avez raison de ne point changer en ça votre voix, et au contraire de l’appuyer de sa nécessité, du besoin d’idéal. Peut être que, plus vieux que vous, j’avais besoin de vous parler de tant de déceptions de changement qui ont traversé ma vie. Peut être que j’avais envie de vous parler de ce qu’il faut gagner en force par cette connaissance des illusions tant de fois vaincues pour poursuivre en dépit de tout ça son idéal. Peut être que ce n’était pas nécessaire, et puis peut être que chacun de nous y regagne un espace ou de confort, ou de renfort par le simple dialogue ouvert au monde qui est le nôtre. Heureusement, il me reste encore de beaux souvenirs de gens simples, anonymes qui se lèvent pour clamer de force militante, ardente et chantante qu’ils savent résister, et tenir, et qu’ils ont foi en l’avenir. Contrairement à qui parle de journée noire pour ce jeudi, je dirai comme vous : elle était faite de candeur et d’ardeur de l’instituteur, du facteur, de l’ingénieur, de la caissière, de l’infirmière, du lycéen, de l’écrivain… Elle était polychromique pour un but tonique, justement, sévèrement critique d’un pouvoir, d’une situation catastrophique … Mais gardons nous des leurres démagogiques, de ceux qui tiennent boutiques, briseur de nos rêves qui les dérangent et qu’ils rangent utopiques … Armons nous surtout contre la pire des choses qu’est la désespérance, et il faut pour cela agrandir l’expérience tout en gardant le côté cœur d’évidence … Je vous remercie par ailleurs de vos bons vœux pour ma carrière littéraire, mais je n’ai pas d’ambition dans ce domaine. Je resterai un amateur sans éditeur, mais peut être avec quelques lecteurs qui suffiront à me faire des petits bonheurs. Merci de m’avoir lu, cher lecteur bien armé côté cœur. Gil
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