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Appel lancé chez Fogiel
Trois membres de notre collectif sont intervenus chez Fogiel hier, une opération de prise de parole dans l'espace public sans y être invités. Notre intervention n'était aucunement prévue contrairement à ce qu'on peut lire ça et là, il s'agissait d'une prise de parole non programmée et visant à porter la voix des sans-voix, et un message noble pour un vivre ensemble dans une société apaisée, donc une société plus juste.
Le texte de l'appel adressé aux téléspectateurs-trices en direct :Nous sommes le collectif qui fait la France, collectif d'artistes et d'écrivains, et nous voulons juste adresser aux téléspectateurs un message d'espoir et de résistance. Puisque nous n'avons pas la parole, nous la prenons.
D'un bel élan, la France célèbre mai 68. Jeunesse révoltée aujourd'hui canonisée. Le formol gagne du terrain. La jeunesse d'aujourd'hui a la bouche scellée. Seuls parlent les intellectuels autorisés, les entrepreneurs médiatiques, les dominants de tout genre. Nous n'y trouvons pas notre compte, alors que la colère gronde. Celle-ci est juste en mal d'énonciation, alors énonçons-là, préparons les mai 2008, 2018, 2068.
Jamais une époque n'a été autant saturée d'obscénité que la nôtre. Obscénité politique d'abord. Pourquoi la chose publique, la res publica, est devenue la chose des héritiers ? Pourquoi dans ce pays il y a des enfants qui ne verront jamais la couleur de l'égalité des choses ? Pourquoi le mépris à l'égard des quartiers populaires, des banlieues, des immigrés, de cette France invisible a-t-il à ce point prospéré ? Que s'est il passé pour qu'un tel sentiment d'impuissance nous habite et que nos vies n'aient plus de profondeur politique ? Parce nous avons laissé faire, nous avons démissionné, nous avons laissé le politique à une caste qui nous veut du mal.
Obscénité médiatique, surtout. L'espace public doit se penser comme l'espace de délibération des souffrances de chaque membre de la société, pour oeuvrer à leur résolution ensuite. La souffrance sociale dans notre pays est insondable : cinq millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, les banlieues sont des lieux de réclusion sociale à perpétuité, un insidieux apartheid républicain nous ronge, quand des sans papiers ne se jettent pas à l'eau pour échapper à la folie policière. Au lieu de parler de ce réel là, de cette souffrance, l'espace public préfère traiter de l'insignifiance, de la gaudriole, des bruits d'alcôve, entre privilégiés de même rang. Nous en avons assez de cet espace public qui est un espace de mort.
C'est pourquoi, nous disons à tous les invisibles de ce pays, les crèves la faim, les mecs des quartiers, les sans papiers, les précaires, les dominés, les invisibles, les blancs, les noirs, les rebeus, hommes et femmes de bonne volonté, ceux qui ont mal à la France et au monde, de rentrer dans le combat, celui de notre dignité.
Prenez la parole sur les plateaux, dans les journaux, les livres, les meetings politiques, parce qu'on vous ne la donnera pas, instaurez l'intranquillité, faites peur aux dominants, aux privilégiés, aux masturbateurs médiatiques, montez à l'assaut de l'espace public parce que c'est l'espace de votre liberté.
N'ayons plus peur, agissons !
Collectif "Qui Fait La France ?"
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