• Violence des jeunes

    Quand les agriculteurs mettent à sac une préfecture, ou comme en 1999, un ministère, leur violence est qualifiée de politique, elle est considérée comme une protestation collective. En revanche, la violence des jeunes, c'est de la violence gratuite, elle n'est créditée d'aucune signification. Pourtant, même si elle ne correspond pas aux critères d'organisation d'une action collective concertée, elle n'en demeure pas moins politique car elle met en exergue des problèmes sociaux, économiques et de discrimations (aux individus mais également aux territoires).

    Dans cette société qui discrimine et dont l'égalité sociale fait défaut à bien des égards, les jeunes, et particulièrement ceux de nos territoires oubliés par la politique publique, doivent construire leur identité avec un certain nombre de handicaps intériorisés, auquel s'ajoute la stigmatisation des quartiers dits "populaires", là où moi je parle de quartiers "en souffrance".

    Il est encore temps que les politiques publiques, et ceux et celles qui en ont la charge, nos élus, se donnent les moyens d'avoir une meilleure connaissance des difficultés de ces jeunes, avec une volonté réelle de les aider aussi à exprimer leur révolte autrement que par la violence.

    Ma perception est que nous minimisons la réalité de territoires qui sont le nid des inégalités sociales, culturelles et économiques, des territoires où vivent des populations pour qui l'insertion est devenue un état et non plus une étape.

    Je suis interloqué lorsque j'entends notre premier ministre dire "qu'il ne saurait entendre que le service publique n'est pas assuré à traitement égal sur l'ensemble du territoire français". Je m'interroge et je me demande s'il est au courant par exemple que les budgets de l'école publique varient de 1 à 7 selon qu'on habite un quartier favorisé ou non, s'il est au courant que le budget de la culture est aspiré par les grands théâtres et autres scènes de prestige tel l'Opéra, et que ces espaces culturels sont essentiellement fréquentés par la classe supérieure et sur invitation qui plus est ; et lorsqu'une association de quartier cherche à faire découvrir le théâtre à des enfants, on négocie les tarifs. Et des inégalités de la sorte, il y en a ribambelle.

    M. Sarkozy qui dit vouloir lutter contre la délinquance tandis qu'il est hors-la-loi dans sa commune de Neuilly Sur Seine, comme tant d'autres maires, sur l'application de la loi, en l'occurence la loi SRU qui impose aux maires un quota de 20% de logements sociaux. Si être délinquant c'est ne pas respecter la loi, comment peut-on alors qualifier ces maires ?

    A mon sens, il faut de la JUSTICE sociale et arrêter de se gargariser d'une politique de la ville qui n'est au mieux qu'un "RMI des quartiers". Une politique de la ville qui, définie à l'origine comme une mission, est devenue une bureaucratie qui ne gère guère que le non-emploi et qui demande aux habitants de nos quartiers d'être des citoyens et de s'investir dans des projets de vie collective (à ce sujet, demande-t-on aux habitants des quartiers favorisés de s'investir dans des projets de vie collective ? et aux jeunes de ces mêmes quartiers de monter des projets pour faire preuve de leur intégration ???).

    M. Sarkozy notamment veut punir plus sévèrement les jeunes qui s'en prennent aux policiers, c'est entendable dans l'esprit même si je n'en partage pas la lettre, mais que compte-t-il faire à l'encontre des policiers qui s'en prennent aux jeunes ? Pour l'heure ils ne risquent que des sanctions disciplinaires.

    Le vivre ensemble est possible demain, j'en suis intimement persuadé et je le rêve tant je pense que notre pays a entre les mains un potentiel formidable pour briller, tant d'origines différentes qui s'enrichissent les unes les autres, mais ceci n'est envisageable qu'au prix d'une volonté ferme et réelle d'entendre les tristes réalités pour ensuite en combattre les ressorts.

  • Commentaires

    1
    karim amellal
    Vendredi 9 Mars 2007 à 13:05
    réaction
    Bravo Mohamed, bien envoyé ! Du reste, cela préfigure parfaitement nos actions à venir...!
    2
    Vendredi 9 Mars 2007 à 15:51
    Reconnaissance et remerciement
    salut :que puis je dire mohamed ?durant le passe de ma vie modeste je me suis toujours imaginé,revé d'etre ds une position de protester et de dire non quand les OUI dominaient patrout a tord et a travers ..c'etait le bled avec toute les points de suspension dont tu devrais avoir surmnt des idees ...et puis ce reve comme d'autres s'est regressé ds son stade de balbussiment ..sauf que la soif de la justice est tjs la ou aucune force ne peut avoir acces ..la ou les mots peuvent continuer a galopper dans le champs qui leur est de droit naturel..tes mots -a ma grande satisfaction- y occupent par excellence le parcours et la direction juste ..merci !!
    3
    MT
    Dimanche 11 Mars 2007 à 13:26
    violence des jeunes
    Salut Mohamed, Je ne peux que souscrire à tes propos. Débat essentiel! Nous avons ce cheval de bataille en commun. amitiés Mikhal
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    4
    Nadhia Madana
    Dimanche 11 Mars 2007 à 18:49
    Bravo
    Je suis totalement en accord avec toi Mohamed. J'espère que tu seras lu et entendu par tous.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :